SONORITÉ JAUNE, Richard MORTENSEN (1910-1993)


"SONORITÉ jAUNE"
RICHARD MORTESEN (1910 - 1993)

Vente Art Contemporain du 15 octobre 2022
 

Exceptionnelle et unique suite de 91 dessins à la gouache et à la mine de plomb sur papierfort, d’après le livret éponyme oe Vassily KANDINSKY (J 866-J 944) imaginé en 1909.

Notre ensemble, totalisant 103 planches réparties dans deux cartons à dessins, se présenre selon l'ordre chronologique des tableaux et scènes de la pièce, chaque feuille portant dans la marge en bas à droite une référence de numérotation permettant de la situer dans le déroulement et en bas à gauche, des indications de chronométrage, indiquant le temps d’exposition de chaque scène.

Provenance : Collection jacques Polieri - Sa succession
H. 33 cm - L. 50 cm env. (chaaue feuille)

20 000 / 30 000 €

Œuvres en rapport : Le Musée National d’Art moderne, Centre Pompidou, conserve 4gouaches issues de notre suite, rentrées oans les collections nationales suite au legs de NinaKandinsxy en 1981 (n° V, VII, XXVII, XLVI A)"SONORITÉ jAUNE"
RICHARD MORTESEN (1910 - 1993)
 
   

 
Cette réunion est complétée par une petite étude au pastel, un calque et des gabarits en cartons découpés ayant servi à la réalisation des gouaches, quelques feuillets de notes manuscrites relatives à la durée d’exposition des planches et un document manuscrit reprenant par le dessin les 4 planches en possession de Nina Kandinsky (n° V, VII, XXVII, XLVI A), toutes les quatre conservées aujourd’hui au cabinet d'art graphique du centre Pompidou, suite au legs de Nina Kandinsxy en 1981.

En outre, nous joignons une importante pochette d’archives relatives aux mises enscènes de jacques Polieri (1928-2011) comprenant :

- Divers documents manuscrits et un prospectus imprimé relatifs à la première représentation de Sonorité jaune, Iors des 3ème Fêtes Musicales à Sainte-Baume-en Provence le 6 août 1975 - Un tapuscrit original de 14 pages, avec corrections, détaillant la mise en scène des 6 tableaux de Sonorité jaune

- Un tapuscrit original annoté de 3 pages, projet pour la partition de Sonorité jaune, avec minutage précis

- Un ensemble de 17 feuillets manuscrits au stylo bille bleu avec de très nombreuxcroquis détaillant très précisément les effets de mise en scène pour le deuxième tableau
 
- Deux copies d’un tapuscrit intitulé : « Sonorité jaune, Notes manuscrites de Kandinsky», (6 pages)

- Divers épreuves (certaines avec corrections) de la plaquette de présentation de la pièce avec un texte de Franc Popper, « Kand!nsky, une rencontre », une présentation des personnages et un extrait du deuxième tableau de Sonorité jaune, un texte de jacquesPolieri sur le tnéôtre Kaléidoscope, un autre sur Sonorité jaune, une présentationbiographique de Vassili Kandinsxy et une de /acaues Polieri

- La copie d’une note manuscrite de Nina Kandinsxy indiquant : « Kandinsky était un homme de coeur. Il aurait aimé que « Sonorité jaune » soit présenté à Paris un soir de gala, au profit d'un message d’espoir »

- Deux copies d’un texte tapuscrit de 2 pages Kandinsky-Polieri, une étrange rencontre, par Alain Charbonnel, en préambule à la création mondiale de Sonorité jaune, le 4 mars 976 au Théâtre des Champs-Elysées

- 4 affiches de grands formats (H.100 cm L. 70 cm) illustrées d'un dessin en noir d’après Kandinsky, pour les deux représentations ae la pièce à l’auditorium de Prato (ltalie) les 20 septembre et 1er octobre 1977



UNE OEUVRE TOTALE IMAGINÉE PAR KANDINSKY

Sonorité jaune appartient à un ensembIe de pièces pensées pour la Scène par Kandinsky en 1909.
Si le peintre, alors wagnérien convaincu, rêvait d'un art nonumental, mêlant peinture, musique, danse, théâtre et littérature, captivé par la théorie des couleurs, il entendait surtout proposer une expérience sensorielle, un voyage vers un autre monde en supprimant un aspect de la réalité qui lèverait l'attention du spectateur pour le projeter vers un autre monde. Sonorité jaune est composée de formes en mouvement (décors), de ballets (les corps des danseurs sont considérés comme des formes animées) et d’un orchestre se trouvant derrière la scène (lamusique intervenant en contrepoint dans le rythme général du spectacle).
Il est tout à fait fascinant que I'artiste ait conceptualisé ses développements vers une syntnèse absolue, formes, couleurs, sons, avant même d'avoir réalisé sa première aquarelle abstraite (1910).

      


UNE MISE EN OEUVRE IMPOSSIBLE ?

L’aspect totalement avant-gardiste de cette proposition n’en a pas facilité la réalisation. Le compositeur russe Thomas de Hartmann (1885-1 956) semble être le premier à avoir écrit une partition dans l’idée de monter l’œuvre en 1917. Ce projet restera sans suite, de même qu’une tentative dadaïste menée par Hugo Ball (1886-1927).

Jacques Polieri découvre l'œuvre en 1956 et s’attèle à la mise en scène et à un projet de film, en appuyant son travail sur la matérialisation des décors, due au talent et au travail patient et consciencieux de Richard Mortensen, que lui a recommandé Nina Kandinsky. Le musicien Jean Barraqué (1928- 1973) élabore un découpage et la mise en place des structures d’une partition musicale. Les compositeurs Pierre Boulez, lannis Xenakis et le chorégraphe Maurice Béjart s’intéressent au projet qui finalement n’aboutit pas.

Si une modeste tentative de montage de la pièce a lieu à l’occasion de la rétrospective Kandinsky au Guggenheim Museum de New York en 1972 par le groupe Zone, c’est bien Jacques Polieri qui près de vingt ans après sa première expérience, concrétise, sur une Partition d’Alfred Schnittke, Iors de la répétition publique du 6 août 1975 dans le cadre du Sanctuaire de la Sainte-Baume, la première de Sonorité jaune. La création mondiale suivra au Théâtre des Champs-Élysées le 4 mars 1976.

Richard MORTENSEN est né à Copenhague le 23 octobre 1910, étudiant à l'Académie royale de sa ville natale à partir de 1931, il voyage dès 1932 en Allemagne, poursuivant un apprentissage en autodidacte qui l’amène à rencontrer les maîtres du Bauhaus, Paul Klee et évidemment Vassily Kandinsky. Présent à Paris en 1937, il s’investit pour montrer au Danemark les avant-gardes européennes et commence à s’intéresser au spectacle vivant, concevant des décors, notamment pour Stravinsky.

En 1947, Mortensen s’installe à Paris avec son compatriote le sculpteur Robert Jacobsen et devient proche du groupe d’artistes de la Galerie Denise René (Auguste Herbin, Victor Vasarely), prônant l'abstraction géométrique. Récompensé par le prix Kandinsky en 1950, il devient proche de la veuve de l’artiste, Nina. En 1955, il travaille à de grandes compositions d’esprit architectural, (Opus Normandie) et c'est en 1957 qu’iI s’isole à Hennequeville (Calvados) pour réaliser notre fameuse suite, Sonorité jaune. Représentant le Danemark à la Biennale de Venise en 1961, il retourne enseigner à Copenhague en 1965, ville où il décède le 6 janvier 1993.

Sa peinture, subtil équilibre entre réflexion et instinct, se caractérise par une grande simplicité dans la mise en œuvre de ses compositions, limpides et efficaces, admirablement magnifiées par une palette vive et franche aux délicates nuances. Notre ensemble particulièrement bien daté constitue un véritable manifeste de l’art de Mortensen, dont il révèle toutes les nuances dans un jeu délicat de digressions et de ruptures.

Jacques POLIERI (1928-2011), metteur en scène, a toujours été fasciné par les avant-gardes et l’innovation. En 1956, à Marseille, dans le cadre nouvellement construit de la Cité Radieuse de Le Corbusier et avec l’aise de l’architecte, il organise le premier festival d’Art d’Avant-Garde, confrontation des arts (musique, danse, peinture, sculpture, architecture, cinéma, théâtre), réunissant des personnalités marquantes de la création de l’époque de Jean-Michel Atlan à Yves Klein.

Ce désir d’un art total le rapproche évidemment des intentions de Vassily Kandinsky et de ses « Sonorités » des années 1910. Apôtre du théâtre Kaléidoscope, Polieri se propose de réaliser un spectacle dans lequel il prendrait « comme point de départ l’élément pictural autour duquel seront bâtis la musique, la danse, le jeu, le chant et même le texte ».

Dans cette création, principe de vie, tous les éléments doivent être en mouvement. Sonorité jaune apparait alors nécessairement comme la quintessence de la pensée scénique de Polieri.

 
     

   


Informations pratiques : 
Regard sur le XXème siècle - Design - Art moderne et Contemporain
15 octobre 2022 - 14h30

70 rue Vendôme, 69006 Lyon

Exposition publique :
Vendredi 14 octobre de 10h à 12h et de 14h à 18h
Samedi 15 octobre de 9h à 12h

Expert : 
Damien Voutay

Renseignements :
lyon@debaecque.fr