Atelier Marius De Buzon

L'école d'Alger, filiale ensoleillée du génie français, a été prolixe et généreuse en talents. Jalousement recherchée et conservée par les collectionneurs privés, étudiée et remise à jour par les historiens d'art, elle mériterait maintenant d'être redécouverte par un plus large public si les musées français s'y intéressait davantage. Loin de l'orientalisme exotique des maîtres du XIXe siècle, les artistes qui en on été le ferment ont prouvé qu'ils n'avaient pas voyagé seulement dans les livres. S'ils étaient venus en Afrique du Nord, c'était pour confronter leurs idées avec la réalité des paysages et des hommes : "il en est de même qui n'ont jamais pu se détacher de cette nature et qui ont fini par y mourir au terme d'une lutte épuisante pour en forcer le secret" a pu écrire Albert Camus. Marius de Buzon fût de ceux-là qui restât à jamais attaché à ce pays. Heureux pensionnaire de la villa Abd-el-Tif dès 1913, il renouvelât avec ses camarades d'alors, la vision d'un Orient démodé. Ayant fréquenté Suzanne Valadon et Maurice Denis, il a pratiqué tout naturellement un art qui évitait le recours au détail purement pittoresque et anecdotique pour peindre d'une manière libre, simple et vigoureuse.

Possédant un sens inné des valeurs, nul mieux que lui n'a su interpréter les lumières de l’Algérie : "masse blanche sur un fond blanc dans l'ombre, foulard de couleurs chantant parmi tant de sourdines". Merveilleux coloriste, par la magie d'une palette parfois audacieuse, il a pu traduire tour à tour la magnificence des costumes Ouled-Naïls et la beauté simple des mariages kabyles. Proche des peuples rencontrés, il en a compris les rites et les coutumes pour s'en faire le témoin sensible et respectueux. 

Marius de Buzon, pour toutes ses qualités, fût un artiste estimé et reconnu et nombre de commandes publiques jalonnèrent sa fertile carrière. Emmanuel Bréon.