Un regard sur l'Orient, Félix BONFILS (1831-1885)

Jeudi 15 avril 2021 - Marseille

Photographies anciennes
Ensemble inédit dans le marché de l’art : 83 plaques de Félix Bonfils (1831-1885)

« Pionnier passionné, technicien génial et virtuose au collodion, voici tout Félix Bonfils concentré sur 83 plaques comme le témoignage inédit d’un des premiers
monuments de la photographie. Chez DE BAECQUE Marseille, nous avons la chance de côtoyer les matrices originales de ce Regard d’Orient. Perspectives intemporelles et panoramas des grands sites méditerranéens illuminent les cimaises de la rue Vincent Courdouan et révèlent le dynamisme de notre département photo. »
Jean-Baptiste Renart, Commissaire-priseur et Directeur Général DE BAECQUE Marseille


La maison de ventes DE BAECQUE & Associés disperse, le jeudi 15 avril 2021 à Marseille, un ensemble de négatifs inédits du photographe Félix Bonfils en Orient. Ces 83 négatifs sur plaque de verre au collodion humide, qui datent des années 1867-1875, proviennent d’une collection particulière du Sud de la France.
 
Histoire d’une découverte : 83 négatifs de Félix Bonfils (1831- 1885), ensemble inédit dans le marché de l’art
83 plaques de Félix Bonfils (1831-1885) constituent la première partie de cette vacation, et quelque dix lots de tirages albuminés, la seconde. Initié à la photographie par Niépce de Saint-Victor, Félix Bonfils fonde son atelier à Alès, en 1865. Il débute sa carrière comme photographe de portraits. À l’occasion d’une expédition militaire, il découvre, en 1860, le Liban. En 1867, il s’installe, avec sa femme Lydie et leurs deux enfants, à Beyrouth où il demeure jusqu’en 1871. Il y ouvre un studio photo rue de la Chancellerie Française. À cette période, le photographe voyage à travers tout le Proche- Orient : Égypte, Palestine, Syrie, Turquie, ainsi qu’en Grèce. Au cours de cette intense campagne d’expéditions, seront tirés d’après ces négatifs près de 15 000 épreuves. En 1867, Félix Bonfils rentre à Alès, alors que sa femme reste à Beyrouth avec son fils Adrien pour y continuer leur travail.
Découvert par hasard dans les années 2000 à Alès, dans des caisses, cet ensemble de négatifs rejoint alors une collection privée.
 
Les négatifs au collodion de Félix Bonfils présentés dans la vacation du 15 avril 2021
L’expert a délimité de 1867 à 1875 la période pendant laquelle Félix Bonfils réalise les prises de vue de ces négatifs, en Orient. 1867 correspond à l’arrivée de l’artiste à Beyrouth, où celui-ci ouvre un studio de photographies, et 1875 marque son retour à Alès. Il revient en France avec un stock de négatifs qui serviront à la publication, en 1876, de son premier catalogue promotionnel de choix de vues : Vues Photographiques de l’Orient: Egypte, Palestine, (Terre Sainte), Syrie, Grèce et Constantinople photographiées et éditées par Félix Bonfils Alais, imprimé à Alais par A. Brugueirolle et Compagnie.
Cette publication lui permet de vendre des tirages à la demande, tirés depuis ces plaques, à des explorateurs, des amateurs de voyages et d'archéologie, en France mais aussi en Grande-Bretagne ou encore aux Etats-Unis. Les photographies de son expédition constituent un véritable témoignage géographique, et historique.
Les photos de commandes éditées à Alès sont donc toutes tirées depuis ces plaques, véritables matrices. Les sujets reposent sur ses voyages, et constituent des archives archéologiques importantes de l’époque, pour les pays visités par le photographe. Si les salles des ventes ont vu passer des tirages de Félix Bonfils, en revanche jamais de plaques originales de ces formats (30 x 40 et 24 x 30 cm) à ce jour !


Le triptyque d'Athènes
Ce panorama en plaque de verre s’avère rarissime, en raison de sa taille et de son très bon état. Peu de suites nous sont parvenues ainsi.










Félix BONFILS
PANORAMA D’ATHÈNES EN TROIS PARTIES 1867-1875
Trois négatifs au collodion humide sur plaques de verre 30x40 cm pouvant former panorama. Signés ‘Bonfils’ et numérotés ‘258’, ‘259’ et ‘260’ à l’encre dans l’émulsion.
Une fois réunis leur dimension est de 90x120 cm
Ces images ont été rapportées d’Athènes dans les années 1870 par Félix Bonfils après plusieurs expéditions photographiques qui devaient l’amener en Égypte, Palestine, Syrie, Grèce, Turquie ...
Ce panorama d’Athènes sera répertorié par l’auteur en 1876 dans son premier Catalogue Général des Vues Photographiques de l’Orient.
Estimation : 5000 / 6000 €

 
Panorama de Beyrouth, n° 4 – la ville 1867-1875
Cette plaque témoigne de l’arrivée du photographe au Liban : il s’agit de l’une des premières plaques réalisées.
Plus ces plaques étaient grandes, plus elles risquaient de disparaître car le verre était, d’une part, recyclé pour l’optique, d’autre part, on pouvait aussi les laver pour en créer de nouvelles. En outre, la taille en compliquait la conservation, et en faisait des objets fragiles.

Panorama de Beyrouth, n°4 – la ville 1867-1875
Négatif au collodion sur plaque de verre, signé “Bonfils” et numéroté “483“ et "8"à l’encre
dans l’émulsion en bas à gauche au recto. 24x30 cm
Estimation : 2000 / 3000€

Quand le marché de l’art vient enrichir l’histoire de la photographie
Cette découverte initie un travail inédit sur Felix Bonfils, sur son œuvre, son approche, et apporte de nouvelles connaissances à l’histoire de la photographie. Cette réelle découverte, étape par étape, aide à préciser la biographie de Bonfils, notamment les haltes de ses voyages. Cet ensemble permet, en outre, d’observer la façon dont le photographe travaillait ses plaques à la main et donc ses tirages. Ces négatifs offrent, au travers des photos, un témoignage inestimable de ces pays parcourus par l’artiste. Ces clichés représentent de véritables documents de travail pour les archéologues, ainsi particulièrement dans les années 1920, les égyptologues se servent, pour leurs propres
recherches, de photos de Bonfils achetées aux Etats-Unis.

Les universitaires américains s’intéressent aujourd’hui au photographe, mais aussi des institutions (aucune ne conservant, à ce jour, de négatif de l’artiste).

En raison de la petitesse de la signature, il a fallu la chercher sur chaque plaque pour comprendre comment le photographe signait. À titre d’anecdote insolite, Paul Benarroche raconte qu’en observant une plaque (numéro 73), il s’est rendu compte que Bonfils avait réellement gravé son nom tel un graffiti sur le pilier d’une colonnephotographiée.

L’expert souligne, par ailleurs, le travail artisanal que nécessite chacune de ces pièces uniques. L’expert souligne que le poids peut varier d’une plaque à l’autre. D’une précision remarquable, les caches réalisés à la main les rendent aussi uniques, et offrent des photographies très minutieuses et précises pour l’époque.
Ces négatifs racontent l’origine du travail de Bonfils et son histoire. Fait exceptionnel, ils permettent de dater les photos.
Cette découverte de 83 négatifs sur plaque de verre au collodion humide réalisés entre 1867 et 1875 signées de Félix Bonfils constitue un véritable événement dans le marché de l’art. Un rendez-vous incontournable pour tout amateur de photo !

Extrait de la biographie de Félix Bonfils (1831-1885), par Paul Benarroche, expert en photographie
Paul-Félix Bonfils est né dans le Gard à Saint-Hippolyte-du Fort en 1831. Il épousa en 1858 Marie Lydie Cabanis (1837-1918) et de leur union naquirent Félicité Sophie en 1858 et Adrien en 1861. Il ouvre en 1865 un studio de photographie à Alais (aujourd’hui Alès) au 32, rue Saint Vincent d’où sortiront de nombreux portraits au format 6x9 cm, dit « carte de visite ». C’est à cette période que Félix Bonfils va entrer en contact avec Abel Niépce de Saint-Victor, l’inventeur de procédés de fixation de l’image sur plaque de verre et de la reproduction des photographies par héliogravure. Peu de temps après, la famille Bonfils va définitivement s’établir à Beyrouth, en 1867, pour y pratiquer la photographie. Dans un premier temps, l’atelier Bonfils propose aux voyageurs de passage à Beyrouth des vues de scènes et types et costumes locaux, des vues de Beyrouth, de Baalbeck et du Liban, au format carte de visite. Pour se constituer un catalogue de vues de plus grands formats Félix Bonfils s’équipe d’appareils au format 24x30 cm et 30x40 cm, et entreprend alors une intense campagne d’expéditions qui le menèrent jusqu’à la Haute Égypte, puis à Athènes et Constantinople.
En 1871, de passage à Paris, il écrit à la Société française de Photographie* : « Je vais soumettre à la Société Française de Photographie une collection de clichés d’Egypte, Palestine, Grèce et Syrie. En produisant ces épreuves, la plus grande difficulté à surmonter fut la chaleur. J’ai travaillé, un bain d’argent à avec un collodion humide [...] J’ai utilisé deux tentes en préparant mes négatifs. Mes épreuves sont principalement des vues de Jérusalem et de différents panoramas. La collection que j’ai réunie comprend 15.000 tirages et 9000 vues stéréoscopiques. Le nombre de mes négatifs est de 591 [...] Je mets ces négatifs à la disposition des personnes que cela peut intéresser et à mon retour à Beyrouth je compléterai tous les renseignements susceptibles de m’être demandés. » En 1875, Félix Bonfils décide de transférer son activité commerciale en France pour accroître le volume de ses ventes et se rapprocher de sa clientèle. Il s’établit ainsi à Alès avec son stock de plaques de verre. Il est alors accompagné de deux assistants de nationalité turque. Félix Bonfils va se consacrer à la diffusion de soncatalogue de vues d’Orient dans le monde entier et à l’édition d’albums photographiques. En 1877-1878, Bonfils père publie à Alès Souvenirs d’Orient, une série d’albums, édités en plusieurs formats, avec des commentaires en français, anglais et allemand, chaque album contenant une quarantaine de photographies originales collées. Présentés à l’Exposition Universelle de Paris en 1878, ils valurent une médaille de bronze à leur auteur. En 1885 Félix Bonfils décède à Alès, à l’âge 56 ans.
 
Photographie, une spécialité valorisée par DE BAECQUE & Associés
Généraliste, DE BAECQUE & Associés a aussi développé, depuis sa création en 2008, des vacations dans une quinzaine de spécialités, et s’est fait de la photographie l’une de ses spécialités majeures. L’étude propose des ventes aux enchères publiques à Paris, Lyon et Marseille.
Toujours à Marseille, le 25 mars 2021 : une vacation dédiée aussi à la photographie ancienne et moderne ! Le catalogue réunit 154 photographies anciennes et modernes, ayant majoritairement pour sujet Marseille. Les estimations s’échelonnent entre 50 € et 2 000 €.


LOT 46
BAUDELAIRE- PHOTO-SPORT
17 vues de rues de Marseille, 1930-1960
Tirages argentiques d’époque et postérieurs, certains avec tampon encré et numéros de référencement au crayon au verso.
18x24 cm ou l’inverse.
Bel ensemble sur le Marseille d’avant-guerre (plusieurs rues aujourd’hui disparues) et les années 60. Quai du canal (2), Vieux port, Rue de la Loge, Pécheur au coin de la rue Caisserie, Rue des trois soleils, Rue Beauregard, Rue de Nuit, Rue des Ferrats, Ecole rue Grignan, Bd Salvator, Rue Stanislas Torrents...
Estimation : 200/300 €

Cette vacation dédiée à la photographie des XIXe et XXe siècles réunit de prestigieuses signatures: BAUDELAIRE, BEKEN, BIOLETTO, BRASSAI, BURRI, GASTINE, GRIBOVSKI, HAAS, LEZER, MAYER, LOUBERE, LIPNITZKI, NADAR, POITEVIN, STONE,TAIRRAZ, VALK, WYSS...
Plus de 1000 vues stéréos sur verre entraînent le collectionneur ou l’amateur en voyage en Italie, Afrique du Nord, Chili, Panama, Ceylan, Chine, Shanghai. Ces photographies proviennent des archives d’un administrateur des colonies en Indochine, et datent de 1920-1930.
Cette vacation met aussi la Provence à l’honneur grâce au fonds de l’inventeur et photographe, Louis GASTINE (1853-1925), comprenant un rare voyage en Corse en 1888. Autre fonds important, celui du photographe des calanques et montagnes Adolphe LEZER ! Figure aussi au catalogue une collection d’environ 400 tirages surMarseille, pris dans les années 30 par le studio BAUDELAIRE- PHOTO-SPORT.



Lot 70
BAUDELAIRE-PHOTO-SPORT
Visite de Léon TROTSKY à Marseille, décembre 1932.
Rare ensemble de 5 tirages argentiques d’époque datant de la période d’exil en France de Léon Trotsky dans les années 1930.
Dimensions : 13x18 cm
Un tirage avec dédicace autographe signée à l’encre « Léon Trosky 7/XII 1932 Marseille » au recto, tampon encré du studio et annotation au crayon au verso.
Un tirage avec tampon du studio au verso.
Trois tirages non tamponnés dont un avec trous d’épingles dans les angles.
Trotsky se rend en voiture à l’usine chimique Kuhlmann dans le quartier des Riaux sur les hauteurs de l’Estaque où il est accueilli par des sympathisants et des journalistes en présence de la police. Il fait ensuite une sortie en mer au large des iles du Frioul à bord d’un canot automobile. 
Estimation : 800 /1000 €



Informations : marseille@debaecque.fr - 04 91 50 00 00

Expert : Paul BENARROCHE, Expert près la cour d’appel d’Aix en Provence en photographies anciennes et modernes, manuscrits et autographes
assisté de David ZERBIB.