Un vaisselier du Queyras dans la vente d'art populaire

Vaisselier en pin cembro composé d'un dressoir flanqué de deux armoires latérales dont les vantaux sont rehaussés de deux motifs quadrilobés. Le dressoir comporte trois étagères pour les assiettes dont celle du bas est bordée d'un porte-couverts. La traverse haute, gravée des initiales et de la date " PP 1751 ", est repercée d'une frise d'arcatures réunies par des croix de saint-André ponctuée de deux coeurs.
QUEYRAS XVIIIe siècle
H. 184 cm - L. 213 cm - P. 39 cm
Réparations insignifiantes.
Estimation : 5 000 / 7 000 €




Nous présentons dans notre prochaine vente d’Art populaire et curiosités un rare ensemble de meubles provenant du Queyras, issus de la collection personnelle de M. et Madame K. Parmi eux, ce vaisselier en pin cembro datant du XVIIIe siècle. Il est composé d’un dressoir à trois niveaux, flanqué de deux armoires à un vantail sculptées de motifs quadrilobés. La traverse supérieure est ajourée en son centre d’arcatures et de croix de Saint-André et gravée à ses extrémités des initiales PP et de la date, 1751.

Située dans les Hautes-Alpes, la vallée de Queyras est un foyer incontournable de l’art populaire montagnard. Le travail du bois y est au centre de la vie économique et sociale dès la fin du XVe, début du XVIe siècle. Les habitants sculptent le bois lors des rudes hivers qui duraient alors jusqu’à six mois. De cet art populaire rural réalisé au sein des foyers naît un véritable artisanat du bois qui connait son apogée entre la fin du XVIIIe siècle et le XIXe siècle.

Pour la fabrication, l’assemblage, la sculpture et la gravure des meubles, les Queyrassiens utilisent les essences locales à leur disposition telles le pin cembro, le mélèze et le noyer. Le pin cembro, bois tendre qui se prête facilement à la sculpture, est souvent préféré. C’est un bois clair dont l’aspect final chatoyant et caractéristique de cette production est obtenu par un lustrage.
La sculpture est réalisée au couteau, en creux ou en réserve. Les décors sont essentiellement des rosaces qui suivent un tracé préalablement dessiné au compas. Les motifs, transmis au sein des familles et au fil des générations, ont une signification encore incertaine, motifs géométriques à symbolique solaire et prophylactique ou stylisation de fleurs ; plus rarement, nous trouvons des décors réalistes de frises de fleurs et rinceaux fleuris. (Cf. Dressoir du Queyras proposé lors de notre vente du 19 mai 2017, lot 89.
En plus de ces éléments de décors, les artisans apposent leurs initiales, des aphorismes, des dates ; visibles sur la traverse haute du vaisselier « PP 1751 » et sur celle de l’armoire, lot 151 de notre vente, gravée du patronyme et de la date « W A. A. CHIN 1790 ».

Si ce savoir-faire est toujours détenu et pratiqué par les artisans queyrassiens, les meubles du XVIIIe siècle, témoins de cet extraordinaire art populaire, sont très recherchés et se font rares aux enchères. A fortiori un riche ensemble comme celui que nous avons la chance de présenter : armoire, sièges, fauteuils, lit-clos et coffres d’époque, chacun choisi avec passion et exigence par un couple de particuliers avertis. La vente de cette collection de qualité constitue donc un évènement inédit sur le marché depuis quelques années.
Le vaisselier que nous présentons, de par sa réalisation et son excellent état de conservation, devrait susciter un intérêt certain pour les amateurs de cette production.