Prêt pour une partie de "rondeau" ?

Jeu de cabaret et jeu d’argent dit « rondeau » ou encore « billard bressan » ; en forme de table circulaire garnie de plots montée sur un piétement indépendant et pliant.
Sont jointes 10 quilles, 9 boules et une boîte de jetons publicitaires « JURASPORT ».
Vers 1870
D. 115 cm
Ce jeu était pratiqué dans le Jura et dans le Val-de-Saône
Estimation : 400 / 600 €

 

Le jeu que nous présentons dans notre prochaine vente d’Art populaire et Curiosités est un jeu d’adresse, célèbre dans le Jura et le Val-de-Saône : le rondeau, dit aussi « billard bressan ».
Il est formé d’un plateau circulaire concave en bois peint vert, bordé à l’intérieur d’une galerie ajourée de colonnettes et est agrémenté de deux tablettes placées entre la galerie et le rebord du plateau. Il est posé sur un piètement en bois pliant en X.
Le jeu est accompagné de dix quilles et neuf boules en bois numérotées ainsi que d’une boîte de jetons publicitaires « JURASPORT ».

Originaire de Bresse, ce jeu connait un fort succès entre les années 1830 et 1870. Les règles sont simples et font écho au célèbre jeu de quilles : une boule est lancée sur le haut du plateau, entre le rebord et la galerie, elle doit faire au minimum un tour avant de taper une colonnette et de glisser vers le centre où sont disposées neuf quilles, afin d’en renverser le plus grand nombre. A l’issue de plusieurs manches, le participant ayant renversé le plus de quilles gagne la partie.
Les mises de départ, déposées sur les tablettes, servaient bien souvent à régler la future consommation du vainqueur. Le jeu du rondeau fait en effet partie de ces jeux dits de cabaret, pratiqués au XIXe siècle dans les cabarets et les cafés à l’instar des jeux d’échecs, domino, tric-trac, cartes etc. qui étaient souvent le prétexte de paris d’argent.

Au XIXe siècle, les cabarets et les cafés sont des lieux de sociabilité primordiaux de la vie quotidienne où les jeux occupent une grande place. Tandis que les cafés sont davantage fréquentés par des hommes appartenant à la bourgeoisie, les cabarets réunissent alors enfants, hommes et femmes de tout âge et de toute classe sociale. Et s’ils sont avant tout des débits de boissons, ils offrent également des espaces de convivialité et d’amusements de tout genre où se retrouvent les travailleurs et famille en fin de journée et les week-end. En cette période où la notion du loisir, autrefois réservé aux classes sociales les plus élevées est intégrée dans les milieux populaires (le XIXe siècle connait le développement des cirques, des guinguettes, des parcs d’attraction…), rares sont les cabarets ou les cafés qui ne proposent de jeux aux clients ; Alfred Deveu, journaliste et écrivain contemporain, écrivait d’ailleurs en 1862 au sujet de La Rotonde « Un café où l’on ne fume pas, où l’on ne joue pas, ni au trictrac, ni aux échecs, ni au whist, ni aux dominos, ni à rien, c’est une singularité » ! (Alfred Deveu, Histoire Anecdotique des cafés et cabarets de Paris, 1862).

Le rondeau que nous proposons dans notre vente est un témoignage rare de ces jeux de cabarets populaires du XIXe siècle ; il fait partie des quelques exemplaires conservés de ce jeu, si caractéristique de la région bressane qui devrait réjouir et divertir les amateurs des grenouilles, marteaux, billards-Nicolas, fers à cheval et autres jeux traditionnels anciens.