Une sculpture népalaise bientôt en vente

NÉPAL - XVIIe siècle Tête en bronze doré d'un lama ou d'un roi, les yeux grand ouverts, coiffe en tissu repliée
H. 21 cm
Restauration au cou
Estimation : 6 000 / 8 000 €




La tête d’homme en métal doré au mercure que nous présentons dans notre prochaine vente est manifestement un élément d’une sculpture plus complète disparue. Mais les détails et les traits qu’elle présente vont nous permettre d’émettre quelques hypothèses sur son origine.

Le Népal, par sa situation géographique, est un véritable creuset d’échanges religieux, commerciaux et artistiques, se nourrissant des influences indiennes, tibétaines et chinoises. Si la tradition bouddhique est fortement ancrée dans la culture népalaise, particulièrement parmi les classes dirigeantes, les racines chamaniques Bön de l’Himalaya restent soujacentes.

Le visage rond présente une coiffe en tissu formant un nœud sur le côté gauche du front. Une forme ronde figure le troisième œil quand les deux yeux asymétriques et aux iris gravés donnent vie et personnalité au visage. Les oreilles percées révèlent l’absence de bijoux rapportés et une fine moustache souligne les lèvres qui dessinent une expression ironique.

Ce sentiment d’ironie traduit par l’artiste plaide pour la représentation d’un lama (enseignant religieux) du bouddhisme tibétain. En effet, au Népal, l’enseignement du bouddhisme passe en grande majorité par le théâtre – mode d’expression ancestral encore pratiqué aujourd‘hui - et plus précisément par la comédie. L’ironie est en effet comprise comme un moyen essentiel de la compréhension humaine, le rire brisant les contraintes et détendant les conventions.

Cependant une figure de donatrice conservée au Victoria & Albert Museum de Londres nous ouvre une autre hypothèse. La coiffe élaborée, le troisième œil, l’expression vivante quoique non individualisée et les traces de bijoux permettent d’imaginer que nous sommes en présence d’un personnage de la classe dirigeant népalaise. Il s’est fait représenter, selon la tradition naissante au XVIIe siècle en donateur. On peut donc penser que notre tête appartenait à un groupe plus important comprenant aussi la divinité qu’il a honorée de présents. Cette tradition existe depuis les premiers siècles de notre ère mais les donateurs se contentaient d’inscrire leur nom au dos de la divinité commémorant ainsi sa piété et sa générosité. Notre œuvre est un témoin de l’aboutissement de cette habitude, l’inscription s’étant muée en portrait sculpté du donateur.

Si l’expression que traduit notre tête en fait une œuvre d’art à part entière, le fait qu’elle représente peut-être un personnage de haut rang accentue sa rareté dans un corpus de sculpture qui compte principalement des représentations religieuses.

Œuvre en rapport :
http://collections.vam.ac.uk/item/O72753/femaledonor-figure-figure-unknown/
Female donor figure
Nepal, 1790-1810
Gilt copper
IM.371-1914


Bibliographie :
- Art of Tibet: A Catalogue of the Los Angeles County Museum of Art Collection
De Los Angeles County Museum of Art, Pratapaditya Pal, Hugh Richardson
University of California Press, 1983
www.asiantart.com
www.rubinmuseum.org
https://issuu.com/rmanyc/docs/nepalase_seasons_-_combo-_96_ppi/30