Une oeuvre rare de Bouttats à découvrir prochainement

Attribué à Jacob BOUTTATS (actif en Flandres vers 1700)
Le paradis terrestre
Huile sur toile
H. 93 cm - L. 183 cm ET
Restaurations anciennes
Estimation : 10 000 / 15 000 €




Des lionceaux, des chevaux, des biches, des cerfs, mais aussi des renards, des lapins, ou encore des perroquets, toutes espèces d’oiseaux ou de paons… nombreuses sont les créatures qui peuplent la composition du paradis terrestre attribué à Jacob BOUTTATS.

Atif en Flandres entre 1660 et 1720, Bouttats participe au rayonnement de la peinture flamande. Il s’inscrit dans le sillage de Jan Brueghel auquel il tire une fascination pour les paysages idéalisés et les animaux exotiques. Le Paradis terrestre conservé au Louvre de Brueghel peint au début du XVIIe siècle présente une scène qui foisonne d’animaux de toutes espèces dans une forêt paisible et ordonnée. Au troisième plan se lit l’épisode biblique : Dieu le Père indique à Adam et Eve l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal.

Le paradis de Bouttats, reprend cet univers homogène qui donne à voir un monde à part entière, idéal et paisible. La forêt s’échappe vers un fleuve s’ouvrant vers l’infini. Il poursuit l’œuvre de Brueghel en maîtrisant les fondus et les dégradés qui remplit ses tableaux d’une douce et lumineuse harmonie. La scène s’est déplacée par rapport à l’épisode du Louvre. L’arbre de la connaissance est au centre de la toile. Bouttats propose, dans cette œuvre, le passage successif de la Bible : la tentation d’Eve qui en un instant va basculer le monde dans le chaos.

Cette référence à la Genèse apparaît cependant comme un prétexte. Dans une vision plus ou moins réaliste, selon qu’il s’inspire de modèle vivant ou de sources rapportées, Bouttats à la suite de Brueghel propose davantage une représentation du règne animal que du divin. Les peintres flamands au XVIIe siècle, ont libéré les animaux de leurs positions de symboles ou d’emblèmes pour en faire des sujets d’étude à part entière.

En 2017, le musée de Flandre de Cassel, dans le nord de la France, leur a consacré une exposition : « l’Odyssée des Animaux » ; une traversée du XVIIe siècle flamand à l’aulne des créatures sauvages. Certains ont pris le parti de représenter leur caractère violent et primaire dans des scènes de combats ou de chasses ; d’autres sous couvert de thèmes existentialistes proposent des visions où se lient la nature et la grâce.

L’œuvre de Bouttats est rare sur le marché, une centaine de toiles sont à recenser depuis 1995. Cette œuvre authentique et en bon état de conservation est une opportunité à Drouot. La vente du 20 mars saura sûrement attirer les amateurs avisés. Ce Paradis terrestre avait trouvé sa place dans un ensemble aussi exceptionnel qu’éclectique comme en témoigne la suite de la vente. Un paradis à recréer…


Oeuvre en rapport :
Jan I BRUEGHEL, dit de Velours ou l'Ancien
Bruxelles, 1568 - Anvers, 1625
Fils de Pieter I et frère de Pieter II BRUEGHEL
La Terre ou Le Paradis terrestre
H. : 0,45 m. ; L. : 0,65 m.
Sans doute peint en 1607 - 1608 et le premier de la série des Quatre Éléments commandée à partir de 1607 par le cardinal-archevêque de Milan, Federico Borromeo. Dans le fond, Dieu le Père désigne à Adam et à Eve l'arbre du Bien et du Mal. Voir aussi L'Air (INV. 1083).