UN ENSEMBLE UNIQUE DE 50 OEUVRES DE GEORGES PAPAZOFF (1894-1972)



La maison de vente de Baecque et associés proposait dans sa vacation lyonnaise de rentrée consacrée à l’art moderne et contemporain le 14 octobre 2023, un ensemble unique de plus de cinquante œuvres, provenant de la descendance familiale de Georges Papazoff.
 

Pionnier de la pensée surréaliste et acteur majeur de la modernité parisienne dès les années 1920, Papazoff est apprécié des amateurs depuis ses débuts tout en restant peu connu du grand public.
Il naît à Yambol (Bulgarie) en 1894, dans une famille simple et « robuste » de commerçants dont il est le sixième et dernier fils.
Enfant timide et rêveur, à l’allure très soignée, il contraste avec sa fratrie entreprenante et soucieuse de bâtir la Nouvelle Bulgarie au sortir des Guerres balkaniques.
Au décès prématuré de son père, son frère aîné assure la charge familiale et incite son cadet à partir en Europe pour devenir « un homme différent » et « quelqu’un de bien ».

C’est à Prague, en Tchécoslovaquie, que le périple débute en 1913. Muni d’un faux diplôme fourni par un compatriote, il suit les cours d’une école d’architecte paysagiste et pratique avec enthousiasme le dessin, découvrant le pouvoir onirique des couleurs magnifiées par son imagination. Marthe, son premier amour, l’initie à la culture en lui faisant découvrir le théâtre, la musique, la littérature et les musées pragois et peu à peu, Papazoff se sent immanquablement devenir peintre, presque malgré lui, « de la peinture on ne peut pas  parler. La peinture, il faut la faire et il faut se taire ».

Rappelé en Bulgarie au moment de la première guerre mondiale, une sorte de bienveillance du commandement militaire lui permet finalement de retourner à Prague poursuivre ses études. A son retour dans la capitale, il apprend, bouleversé, la mort de Marthe et décide alors de partir en Allemagne, à Munich, dans un pays vaincu. Puis ce sera Berlin, où il découvre les tableaux de Kandinsky et de Chagall et commence à exposer et même à vendre.

C’est en Allemagne que Papazoff fait la connaissance d’une compatriote Béatrice Palazova, qui deviendra sa compagne et dont il élèvera avec beaucoup de tendresse son fils Pierre et leur fille Myriam. Ensemble, ils choisissent de gagner Paris, « la Ville des Arts » au début de l’année 1924.

Installé à Montparnasse, Papazoff peint tous les jours « avec joie et en chantant ». Max Berger de la galerie Vavin-Raspail, son premier marchand, saisit très vite la nouveauté de l’approche du peintre et lui propose de l’installer dans le Midi, à Sanary, pour travailler plus sereinement. La découverte de la mer fut une aventure extraordinaire et aboutit à la création de ses premières toiles abstraites, nourries d’expérimentations techniques les plus variées.

Delors, maître absolu de son travail, Papazoff sera guidé et influencé uniquement par ses propres créations. Reconnaissance et succès arrivent vite, puisque sa peinture du mystère est de plus en recherchée à Paris et intègre des collections importantes  comme celles de la Vicomtesse de Noailles, de Henri-Pierre Roché (qui le fit entrer dans les grandes collections américaines), d’Alphonse Kann ou de Jacques Doucet.

Si la presse parle à son propos « d’une branche distincte de l’art », il convient de rappeler que c’est précisément à cette époque que naît à Paris, le Surréalisme, dont à l’évidence les tableaux de Papazoff sont plus qu’une préfiguration, une incarnation !

Esprit solitaire et libre, le peintre bulgare assume son « insubordination » au mouvement de Breton ce qui contribua à l’isoler, la critique et l’histoire de l’art ayant toujours privilégié les mouvements aux individualités.
A la fermeture de la galerie Vavin-Raspail à la fin des années 1920, Papazoff sera d’abord représenté par la toute jeune galerie Jeanne Bucher, avant qu’il ne décide de s’occuper lui-même de ses expositions en exportant ses créations d’abord en Suède, puis en Italie dans la proximité des Futuristes, à Prague et enfin, en un « pèlerinage » à la réception mitigé à Sofia.
De retour en France, il poursuit « le chemin de sa vie » entre Paris et Vence, fidèle à ses amis André Derain, André Salmon, Paul Eluard, Marcel Aymé, Robert Desnos, Georges Braque ou Oscar Kokoschka et dans le souvenir de son cher compatriote Pascin, trop tôt disparu, construisant dans la durée un art qui « n’est pas un rebus, ni une formule, ni un problème en lui-même. [….] c’est la vie de mes forces et de ma fantaisie- la forme de mon extase et de mon destin »

Papazoff disparaît à Vence au printemps 1972 laissant une œuvre d’une immense richesse couvrant cinquante années de création passionnée et si, comme le disait son ami Marcel Aymé en 1961 : « C’est assez dire que Papazoff surhomme et surpeintre, est un créateur sans égal », il est maintenant grand temps de le redécouvrir et de l’apprécier à sa juste valeur.


Nota : Les citations de Georges Papazoff sont tirées d’un texte autobiographique, Sur les pas du peintre, publié en 1971, dans un ouvrage au titre éponyme édité à Paris par la galerie de Seine

 
Georges PAPAZOFF (1894-1972)
Face à face, circa 1924
Huile sur toile, signée en bas à droite. H. 50 cm - L. 65 cm

Adjugé : 26 000 € hors frais
Georges PAPAZOFF (1894-1972)
Sans titre, circa 1925
Huile sur toile, signée en bas à droite
H. 65 cm - L. 46 cm
Adjugé :  6 800 €
 
 
Georges PAPAZOFF (1894-1972)
A la plage, circa 1935/1937
Huile sur toile, signée en bas à droite
H. 92 cm - L. 73 cm

Adjugé : 34 000 €
Georges PAPAZOFF (1894-1972)
Paysage onirique, 1933
Huile sur toile, signée en bas à droite et datée au dos
H. 46 cm - L. 38 cm

Adjugé : 18 000 €


 

Georges PAPAZOFF (1894-1972)
Sans titre, 1929
Huile sur toile, signée en bas à droite et datée au dos
H. 46 cm - L. 33 cm

Adjugé : 8 8000 €
 
 
Georges PAPAZOFF (1894-1972)
La belle et la bête, vers 1966
Huile sur toile, signée en bas à droite. H. 81 cm - L. 100 cm

Adjugé : 23 000 €
Georges PAPAZOFF (1894-1972)
Monstres marins, circa 1966
Huile sur toile, signée en bas à droite. H. 60 cm - L. 73 cm

Adjugé : 14 500 €
 
 
Georges PAPAZOFF (1894-1972)
Chiens de cirque, 1951
Huile sur toile, signée en bas à droite et datée au dos
H. 46 cm - L. 55 cm

Adjugé : 13 500 €
Georges PAPAZOFF (1894-1972)
Oiseux enchanteurs, circa 1955
Huile sur toile, signée en bas à droite. H. 38 cm - L. 46 cm

Adjugé : 9 500 € hors frais
 



Georges PAPAZOFF (1894-1972)
Colombes, circa 1955
Huile sur toile, non signée et portant au dos une ancienne étiquette au nom de Mme Papazoff, 44 rue Brunet, 17e
H. 54 cm - L. 73 cm

Adjugé : 35 000 € hors frais

 
Vente aux enchères :
Regard sur le XXème #31 - Art moderne et contemporain
Samedi 14 octobre 2023 - 14h30
70 rue Vendôme, 69006 Lyon

Exposition publique :
Vendredi 13 octobre de 10h à 12h et de 14h à 18h
Samedi 14 octobre de 9h à 12h

Responsable de la vente :
Rebecca CHARON - Art moderne et contemporain
rc@debaecque.fr

Thibault de Longcamp - Design
tdl@debaecque.fr

Expert :
Damien VOUTAY - Art Moderne et Contemporain
+ 33 (0) 6 61 25 51 87
 
Renseignements :
lyon@debaecque.fr