COLLECTION MICHELLE FAGOT - CREUZEVAULT


DE BAECQUE & Associés annonce une vente aux enchères d'Art moderne et contemporain et de Design à l'Hôtel Drouot, mardi 24 mai 2022.

Après le succès des trois volets de la Collection Colette CREUZEVAULT en 2019, 2020 et 2021, DE BAECQUE & Associés propose à nouveau aux enchères d'importantes sculptures de Jean DUBUFFET (1901-1985) et  Germaine RICHIER (1904-1959).
Ces trois oeuvres majeures de la sculpture française de l'après-guerre, proviennent de la Collection Michelle FAGOT, fille d'Henri CREUZEVAULT et soeur de Colette. Elles lui ont été offertes par son père.



Jean DUBUFFET (1901-1985)
Masque de théâtre IV, 6 mars 1969

Transfert sur polyester, monogrammé et daté 69 sur le côté droit
Pièce unique, originellement montée sur un socle de plexiglass
H. 39 cm - L. 32 cm - P. 20 cm hors socle
H. 46 cm - L. 32  cm - P. 20 cm avec socle
Bibliographie : Max Loreau, Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, fascicule XXIV : Tour aux figures, amoncellements, cabinet logologique. Paris, Weber, 1973, décrit et reproduit sous le numéro 130, page 132
Cette œuvre est la quatrième de la rare série des Masques de théâtre qui ne connaît que cinq déclinaisons.

Estimation : 80 000 / 100 000 €


C'est la troisième fois que DE BAECQUE et Associés propose une des 5 sculptures de cette série : après le succès de Masque de théâtre II adjugé 190 000 € HF le 11 décembre 2019 et celui de Masque de théâtre I, adjugé 114 000 € HF le 19 novembre 2021, ces deux précédentes sculptures provenant de la collection de Colette Creuzevault.
       
 
Le foisonnement créatif de Jean Dubuffet est sans équivalent dans la seconde moitié du XXe siècle. 

A partir de 1962 débute le très ambitieux cycle de L’Hourloupe, facétieuse dénomination qui regroupe des créations très variées, passant des environnements monumentaux comme La Closerie Falbala (1971-1973) à La Tour aux figures (1968-1985), au spectacle vivant à l’instar de Coucou Bazar (1973), sans oublier des toiles, dessins et sculptures, caractérisés par la présence de trois couleurs essentielles, rouge, bleu et blanc, de plus en plus ponctuées par des rayures ou hachures.

Dans le registre de la sculpture essentielle dans le cycle de L’Hourloupe, Jean Dubuffet élabore une technique totalement innovante en travaillant des matériaux synthétique : le polyester, l’époxy ou même le polystyrène.

La très courte suite des Masques de Théâtre, comprenant seulement cinq créations, fait suite à l’achèvement du Cabinet Logologique qui a occupé l’artiste d’août 1967 à février 1969, lieu méditatif aujourd’hui situé au cœur de La Closerie Falbala.

Ces étonnantes figures ne sont pas sans évoquer les sept personnages monumentaux conçus à la fin de l’année 1967, praticables préfigurant le ballet Coucou Bazar, mais possèdent indéniablement leur propre autonomie, qu’il ne parait pas incongru d’interpréter comme un catalogue de figures d’expression, dont la variété plastique évoque les fameux masques du théâtre nô.
 




Germaine RICHIER (1904-1959)
Escrimeuse avec masque, 1943

Épreuve en bronze à patine brune foncée, signée et justifiée 3/6 et portant le cachet du Fondeur Susse
Le tirage original de cette œuvre comprend 11 épreuves justifiées de 1/6 à 6/6 et HC1, HC2, HC3, EA et 0/6
H. 105 cm
 
Le Musée Fabre de Montpellier conserve un exemplaire de cette sculpture
 
Estimation : 80 000 / 100 000 €
   
 
Les Escrimeuses, existant en deux versions, avec et sans masque, semblent d’abord appartenir à la période classique de Germaine Richier, ancienne et seule élève particulière d’Antoine Bourdelle entre 1926 et la mort du maître en 1929.

Souvent présentée en duo avec L’Escrimeuse, les deux sculptures face à face simulant un combat, Escrimeuse avec masque appartient à cette période féconde de recherches et de remise en cause des acquis, au côté de pièces comme Le Crapaud (1940) ou La Sauterelle (1944).

Le choix de la représentation de ce sport s’explique aisément dans son rapport au mouvement et à la stabilité. Le parallèle entre la sculpture et l’escrime est flagrant si on le considère du point de vue de l’équilibre. Ces deux sculptures apparaissent comme une des études de mouvement les plus aboutie que nous ai donné la sculptrice, la transposition vériste des corps, oscillant merveilleusement entre mouvement saltatoire et immobilité.

S’il est avéré que Germaine Richier ait fréquenté les salles d’armes, la pose de son modèle s’avère précise et renvoie au huitième et dernier stade de la mise en garde, mais peut être aussi lu comme une posture de riposte, la main droite esquissant une parade en sixte. Cette attitude ambiguë, ouverte et calme, tout en étant en même temps inquiétante, prête à bondir, préfigure magistralement les postures énigmatiques et agressives des créatures hybrides qu’elle imaginera dès 1946, à l’instar de L’Araignée I ou de La Mante, grande, l’animalité se trouvant ici soulignée par la présence du masque à l’indéniable dimension entomique.
 



      
Germaine RICHIER (1904-1959)
L’Échiquier, petit 1955

Épreuve en bronze à patine brune foncée, signée et justifiée HC3
Le tirage original de cette œuvre comprend 12 épreuves justifiées de 1/8 à 8/8 et HC1, HC2, HC3, EA
Plateau : H. 15cm - L. 115 cm - L. 83 cm
Le Roi : H. 36 cm
La Reine : H. 43,5 cm
Le Cavalier : H. 33 cm
La Tour : H. 36 cm
Le Fou : H. 33 cm

Estimation : 100 000 / 120 000 €


Une des dernières créations de Germaine RICHIER

Les Échiquiers, Petit (1955) et en Grand (1959) appartiennent aux plus emblématiques des dernières créations de Germaine Richier.

Ensemble complexe, l’échiquier est la base des combinaisons possibles régissant les rapports entre les êtres et offrent par conséquent l’opportunité de la mobilité, celle-ci restant cependant régie par les strictes règles de déplacement propres au jeu.

La typologie des différentes pièces est remarquable.
 
LE ROI LA REINE LE CAVALIER LE FOU LA TOUR


Le Roi à la tête totémique tient à l’envers de sa main gauche, un gigantesque compas, instrument de la mesure de son mode et ustensile indispensable du sculpteur. 
- La Reine, étrange héritière de la Mante et du Griffu, inquiète avec ses deux bras levés et sa figure cornue et chevaline. 
- Le Cavalier exprime une finesse rusée avec son profil d’hippocampe
- Le Fou, bossu et coiffé d’un bonnet caractéristique à clochettes, demeure tout en fourberie roublarde. 
- La Tour apparaît comme une architecture bien fragile sur son trépied, ruine menaçante elle fait immanquablement écho à son support, 
- L’échiquier, espace chaotique et morcelé, garni de chausse-trappes dans lesquelles tout déplacement semble vouer à l’échec. L’absence de pion est notable.


Germaine Richier synthétise dans les Échiquiers plusieurs de ses grandes idées, la typologie complexe et fortement expressive de ces créations hybrides et animalisées et la prodigieuse mise en abime du drame de leur interaction.

En 1959, de retour dans son atelier parisien après des mois de convalescence en Provence, Germaine Richier élabore la grande version de L’Échiquier en bronze et retravaille les plâtres originaux, sur lesquels, elle pose une polychromie, couleurs gaies pour sculpture grave, élaborant son ultime chef-d’œuvre en couleurs, la mort l’emportant quelques mois plus tard le 31 juillet 1959.



Vente aux enchères
Art moderne et contemporain - Design
Mardi 24 mai 2022
Hôtel Drouot - Salles 1 et 7
 
Exposition publique
Samedi 21 mai de 11h à 18h
Lundi 23 mai de 11h à 18h
Mardi 24 mai de 11h à 12h

Expert en Art moderne et contemporain
Damien VOUTAY
 
Renseignements
paris@debaecque.fr