EXCEPTIONNELLES TABATIERES DES XVIIIE SIECLE ET XIXE SIECLE

Mercredi 13 octobre 2021, DE BAECQUE & Associés mettra aux enchères au cours de la vente Mobilier et Objets d'art, Orfèvrerie et Bijoux deux exceptionnelles tabatières témoignant de la diversité de ces objets aux XVIIIe siècle et XIXe siècle ; dont une au décor inspiré de l'Extrême-Orient, datée de 1757 et estimée 60 000 /100 000 €.
 



Expertisés par le cabinet PORTIER, ces rares objets proviennent d'une collection particulière en Belgique puis par descendance et seront présentés aux enchères par Maître d'Ouince, commissaire-priseur associée.

 
  
Boîte en or jaune gravé et ciselé de volutes et agrafes coquille, à décor incrusté de nacre et burgau, figurant des scènes d’extérieur animées de personnages dans le goût chinois, cérémonie du thé, oiseleur, pêcheurs, femme à l’éventail… et guirlandes de fleurs, toutes faces.  
PARIS 1757
Maître Orfèvre : non identifié
Longueur : 7,4 cm
Largeur : 5,8 cm
Hauteur : 4 cm
Poids brut : 257,2 g
Provenance : Accompagné d’un document tapuscrit précisant :
Auparavant dans la collection Wertheimer Sotheby‘s London, 14 - 7- 1953, N°270 du catalogue.
Vente Christie’s à Genève, 8 -5 - 79, N° 97 du catalogue
Dans un écrin rapporté monogrammé

Estimation : 60 000 / 100 000 €
 
L’apparition du tabac au XVIe suscita un vif engouement en Europe, on fume la pipe ou on prise le tabac. Son usage devint un véritable phénomène de mode sous Louis XIV, puis tout au long du XVIIIème siècle. Pour répondre à cette mode, on crée à travers toute l’Europe des objets, telles les râpes ou pots à tabac, les tabatières, posées sur une table ou logées dans une poche. Il s’agît de boîtes qui doivent fermer hermétiquement pour conserver la poudre de tabac. Elles sont en bois, cuir, argent et or suivant les goûts et les moyens …Les rois, seigneurs et dames de cours prisaient, l’art de prendre ou d’offrir une prise faisait alors partie des belles manières. La fabrication de tabatières, boîte à mouches, étuis à cire …. Constitue une des spécialités les plus importantes de l’orfèvrerie au XVIIIe. Les tabatières en or jaune, sont réalisées par des orfèvres bijoutiers spécialisés dans la création de menus objets qui se distinguent des orfèvres grossiers spécialisés en argenterie. De forme contournée dans les premières années du XVIIIe, les tabatières dans la décennie des années 1740 adoptent un modèle rectangulaire plus sobre. La tabatière est alors une « nécessité sociale » attestant de la richesse et du bon gout de son possesseur. Elles sont alors en or imitant dans le travail de ciselure la soierie à motifs de fleurs, émaillées en plein ou cloisonnées, ornées d’un portrait ou montées à cage, garnies de gouache, plaques de laque du japon, de pierres ornementales ou nacre.

Cette tabatière par son décor librement inspiré de l’Extrême-Orient s’inscrit dans la vogue des chinoiseries qui envahit les arts décoratifs au XVIIIe.
L’orfèvre utilise la nacre dans un travail de marqueterie incrusté dans le fond en or de la boîte, jouant avec ses irisations allant du rose au vert. Les tabatières à sujets inspirés de l'extrême orient utilisant le burgau et la nacre, connurent un grand succès principalement dans les années 1740 - 1750 à Paris, en témoigne les tabatières de Michel de Lassus, Jean Ducrollay, Louis Pierret…


 

Boîte de présent de l’Empereur Napoléon Ier
Boîte en or jaune guilloché de forme rectangulaire, les angles arrondis
Le couvercle à charnière orné du monogramme N de l’Empereur Napoléon Ier serti de diamants ronds de taille ancienne sur fond amati entouré d’une moulure et filet d’émail bleu.
Les bords soulignés de rinceaux fleuris rehaussés d’émail bleu.
Les côtés et le fond à décor guilloché de motifs géométriques et frises partiellement émaillés de volutes bleues fleuries et feuillagées.
1809-1815, MOULINIE BAUTTE & Cie, Genève
Longueur : 8,8 cm
Largeur : 5,2 cm
Hauteur : 2 cm
Poids brut : 148,5 g
Gravé N°195F et 1942 sur la gorge
Dans son écrin en maroquin rouge dorée aux fers des armes de l’Empereur

Estimation : 15 000 / 20 000 €

Napoléon reprit la tradition des tabatières de présent offertes en cadeau diplomatiques, récompense ou signe de reconnaissance, pour ce faire il commande des tabatières en or, aux grands orfèvres de l’époque Nicolas Margerit, Etienne Nitot, Etienne Lucien Blerzy … les offrants en cadeau diplomatique. Il assura ainsi leur diffusion dans l’Europe entière. Ce type de boîte, en or au chiffre orné de diamants (avec ou sans couronne), fut donné sous le Consulat (le chiffre était alors « RF ») et sous l’Empire, principalement aux ministres et souverains étrangers. Les archives nationales nous renseignent sur le prix de ce type de boîte au début de l'Empire : 6 118 francs. Plusieurs commandes sont faites et renseignées par le nombre de « brillants », la nôtre en comprend cinquante-deux. En 1810, certaines de ces boîtes de grand luxe sont facturées près de 17 000 francs. On retrouve des boîtes au chiffre « N » couronné dans les collections nationales, une se trouve dans les collections de la Fondation Napoléon. Ces boîtes pouvaient être ornées du monogramme N de l’empereur, mais aussi de son portrait ou de celui de l’impératrice Joséphine, peints par Isabey ou Augustin. Notre boîte est à rapprocher de celle conservée au Victoria & Albert Museum (N°M.122- 1917), boîte en or également serti de diamants formant l’initiale de l’empereur. Insculpée du poinçon de Etienne Lucien BLERZY et gravées de l’inscription « Etienne NITOT & Fils joaillier, bijoutier se S.M Impce et Reine » (Paris 1798-1809).

Elle est l’oeuvre de Moulinié, Bautte & Cie, maison Suisse spécialisée dans la création de montres et objets de vertu créé en 1793 par Jean-François Bautte (1772-1837), auquel s’associera Jacques-Dauphin Moulinié. En 1804, Jean-Gabriel Moynier rejoint les deux hommes et la manufacture prend le nom de Moulinié, Bautte & Cie. Napoléon annexa le canton de Genève en 1798. Aussi dès 1798 la ville de Genève adopta en tant que chef-lieu du département français du Léman le système des poinçons français. Ainsi figure sur notre boîte le poinçon losangique de l’orfèvre (Monogramme MB&C), répété deux fois dans le couvercle et dans le fond de la boîte, sur la gorge le poinçon de titre (3éme titre, 750 millièmes) et de garantie (main de justice et le nombre 46 propre à Genève) Bibliographie : A.MAZE-SENCIER, « Les fournisseurs de Napoléon Ier et des deux impératrices », Laurens, Paris, 1893.

Fiche rédigée en collaboration avec M. Jean-Claude DEY
 
 


Autres lots phares de la vente : 

    
Encrier
formé à partir d'une boite à épices en forme de nef en porcelaine à monture en bronze doré.
Le bateau à proue en tête de lion en porcelaine de Meissen peinte d'insectes, réalisée dans l'atelier de Johann Friedrich Eberlein et Johann Gottlieb Ehder vers 1740.
Monture en bronze doré avec un petit tiroir latéral dans la base.
Milieu du XVIIIème siècle.
H. 39 cm - L. 19 cm - l. 15 cm JB-HL

Les registres de la manufacture de Meissen mentionnent ce modèle d'Eberlein en 1739 et d'Edher en 1743.

Bibliographie comparative :
Hermann Jedding, " Meissener Porzellan des 18. Jahrhunderts Keysers Sammlerbibliothek ".1979, pp 156-7.
Rückert, " Meissener Porzellan, 1710 - 1810 ", Munich 1966, no. 967, p. 180.

Deux exemplaires comparables ont été vendus par Sotheby's Londres, 14 novembre 1995, lots 129 et 130.

Estimation : 15 000 / 20 000 €

Mille ans après les chinois, le secret de la porcelaine dure, « l’or blanc » tant convoité des européens, est découvert en Saxe, donnant naissance à la manufacture de Meissen qui va exporter dans toute l’Europe ses objets précieux.

Cet exceptionnel encrier, en porcelaine de Meissen et bronze doré, adopte une forme de bateau reposant sur un plateau ouvrant à un tiroir. La nef en porcelaine est peinte d’un décor d’insectes, avec une proue en forme de tête de lion. Elle contient deux récipients à encre en bronze doré, la prise en forme de cordage. Le plateau chantourné repose sur quatre pieds en forme d’enroulements de feuillage. Il est gravé de motifs de coquilles et de végétaux stylisés. Le raffinement de son décor de bronze doré figurant maints détails d’un navire est remarquable : mâts, fanion, cordages, galerie du pont, canons miniatures sortant de leurs trappes, petit seau pendant au bout de son cordage.
Le modèle de la nef a été clairement authentifié dans les registres de la manufacture. Il est issu de l’atelier de Ehder et Eberlein. Plusieurs exemples en sont parvenus jusqu’à nous, sous forme de boîtes à épices ou d’encriers, mais dans des versions plus simples. Celle que nous avons ici, présente une mise en forme exceptionnelle par son incroyable décor de bronze doré. Johann Friedrich Eberlein et Johann Gottlieb Ehder, tous deux sculpteurs de formation, furent les principaux collaborateurs de Johann Joachim Kändler, célèbre modeleur qui contribua très largement au succès de cette première manufacture de porcelaine.
Cet objet est caractéristique de la production de Meissen par son goût rococo et son extravagance. Meissen va rayonner dans toute l’Europe, nourrissant la fascination des européens pour la porcelaine, objet jusque-là rare car seulement importé de Chine par les compagnies des Indes. Le secret de la fabrication n’est pas gardé longtemps, vendu à Vienne en 1719, il se répand ensuite dans toute l’Europe. En France, il faudra attendre 1745 pour la première manufacture, d’abord installée à Vincennes, puis transplantée à Sèvres quelques années plus tard.
Il faut donc souligner la préciosité de ce type d’objet. Produit vers 1740, à une époque où la création de la porcelaine en Europe n’en est qu’à ses débuts, cette œuvre extrêmement raffinée est un objet de prestige, destinée aux cabinets précieux des collectionneurs.
En excellent état de conservation, il a conservé tous les détails de son ornementation, seule une des deux échelles de cordage présente une cassure.
La qualité de cet objet et la rareté de ce modèle sur le marché promet une belle envolée des enchères.
 
 

Armure complète et en suite de type uroko (à écailles) d'époque XVIIème siècle

CASQUE spectaculaire KAWARI KABUTO (casque excentrique) de type EBOSHI KABUTO (en forme de coiffe de noble) d'époque fin Momoyama (entre 1580 et 1620). Laqué noir avec tresse bleu clair lacé en kebiki odoshi (laçage serré). Tresse en très bon état et laque en bon état.
Le casque comporte des wakidate (supports de côté) et un Maedate (support frontal). Le Maedate représente un trident en cuir laquée doré qui est une allusion à la divinité BISHAMON TEN (gardien du Nord) et deux pigeons stylisés sous le trident, représentant le Kanji Hachi (chiffre 8) qui est une allusion à la divinité tutélaire du clan Minamoto " Hachiman Dai Bosatsu ".
L'allusion à Bishamon Ten et le kanji Hachi montre que le porteur du casque, manifestement un général ou un Daimyo (seigneur féodal) se place sous la protection simultanée de Hachiman (dont il est probablement un descendant Minamoto) et de Bishamon Ten.

CUIRASSE (DO) d'époque début 17èmpe et de type Uroko, c'est-à-dire à écailles en acier laquées noire. Les différentes parties de la cuirasse sont bordées de Fukurin en laiton torsadé (signe de qualité de l'armure).
La laque sur le devant de la poitrine et derrière les omoplates et de type Ishime noir mate  (texture de pierre, rugueuse). A la place des Odoshi (cordons) qui relient le DO (cuirasse) aux KUSAZURI (tassettes), se trouvent des places de tissus recouverts de cotte de maille. Ces éléments semblent indiquer que la cuirasse a été fabriquée dans la province de KAGA, grand centre de production et d'exportation des armures placée sous le contrôle de puissante famille seigneuriale des MAEDA.
Plusieurs Kanagu sont présents sur la cuirasse. Les KUSAZURI et les SODE sont également à écailles avec des Kanagu (pièces en laiton).
Les Odoshi (passementerie, tissus et cordons) ont été refaits au 20 ème siècle (époque début Showa, vers 1930 ?), voir à une époque plus ancienne. Ils sont en parfait état.
Cuirasse lourde et guerrière. 
L'épaisseur de l'acier des écailles est notable (contrairement aux armures à écailles d'époque 18ème à 1940, en acier plus mince, ou en cuir bouilli), ce qui plaide bien pour une armure conçue pour la guerre est donc d'époque début 17ème.  A  noter que ce type d'armure à écailles est particulièrement rare ( ce qui justifie sans doute la restauration des tissus pour une armure de cette qualité).

MASQUE (MENÔ) de type NARA, époque seconde moitié 17ème, laqué brun noir, avec nez amovible. Présence d'une moustache et laçage bleu clair de style kebiki odoshi, en suite avec le Kabuto. Bon état général. A noter la présence de dents en laiton.

SANGU (Kote, Haidate et Suneate) en suite :
Manches d'armure (KOTE) de type SHNO GOTE (avec lamelles d'acier réunies par de la cotte de maille) et de bonne qualité. Très bon état des tissus. Acier et décors en relief sur les tekko (protection des mains). Epoque EDO (17ème - 18ème).
Jambières (SUNEATE) de type SHINO GOTE, en suite avec les manches et avec KIKKO (écailles de tortue en acier) pour les genoux. Etat correct.
Tablier (HAIDATE) avec plaques d'acier de type KARUTA (du portugais CARTA " cartes à jouer)) reliées par de la cotte de maille. Bon état général.

Toutes les pièces de l'armure sont en suite. L'armure est complète avec son coffre.
La conception de cette armure à écailles (rare au Japon) avec un KAWARI KABUTO de type EBOSHI, indique son appartenance à un personnage important (général ou seigneur féodal) et adepte du boudhisme ésotérique japonais Mikkyo.
Ce point est confirmé par la présence du kanji ZEN en laque d'or sur le devant du coffre d'armure, référence à la divinité ZOCHO TEN (gardien du Sud qui fait face aux démons). Nous sommes donc en présence du gardien du Nord, BISHAMON TEN et du gardien du Sud, ZOCHO TEN, correspondant à l'Alpha et l'Omega de la pratique du KUJI NO IN (9 divinités protectrices dont les Shi Tenno ou 4 divinités des 4 points cardinaux).

Référence : 
Parmi les armures à écailles, nous pouvons citer une armure à écailles en cuir, d'époque début 17ème (ancienne collection ARMAN, France) et deux armures au Japon, d'époque également début 17ème et dont l'une, au musée de Okayama, ayant appartenu au stratège Takenaka Hambei).

Estimation : 8 000 / 10 000 €
 
 

CHAUMET. 
Broche en or jaune
18K (750 millièmes) figurant un bouquet de fleurs et branchages, sertie de diamants taille ancienne dont un diamant plus important au centre (petits chocs et égrisures sur certains d'entre eux). Signée. Dans un écrin de la maison. 
Poids du diamant central : 2 carats env. 

Poids brut : 17 g. - Haut.: 7 cm CS

Estimation: 4 000 - 6 000 €
 

Bague en platine (950 millièmes) sertie sur griffes d'un saphir ovale de Ceylan d'un bleu lumineux légèrement violet (très légères égrisures) épaulé de deux diamants baguettes.
Poids de la pierre : 12 carats environ
Dim.: 12,9 x 11,1 x 7,8 mm
Poids brut : 7 g CS
Sur une monture signée Chaumet
Accompagnée d'un rapport d'analyse du Laboratoire Français de Gemmologie précisant l'absence de traitement thermique. 

Estimation: 8 000 - 12 000 € 


Vente aux enchères
Mercredi 13 octobre 2021 - 14h
Hôtel Drouot - Salle 5 
 
Exposition publique 
Lundi 11 octobre de 11h à 18h
Mardi 12 octobre de 11h à 18h
Mercredi 13 octobre de 11h à 12h