ADJUGE 74 000€ vendredi 20 novembre 2015 PARIS - HÔTEL DROUOT

François BOUCHER (1703-1770)
Venus à la colombe
Exécuté vers 1740-1745
Sanguine et rehauts de craie blanche sur papier beige
Annoté anciennement sur le montage ancien à la plume : Boucher fecit en bas à droite
Collé en plein ; Inscription au verso du montage ancien : Venus à la colombe / Collection Carre
H. 24,7 cm L. 36,5 cm

Nous remercions monsieur Alastair Laing d'avoir confirmé l'authenticité de ce dessin après un examen de visu.

Louis PETIT de BACHAUMONT (1690-1771) écrit « Heureux Appelle, qui avés une Psiché vivante chés vous, de laquelle vous pouvés faire une Vénus quand vous plaira, et cetera, et cetera… Ce qu’il y a de mieux à faire, c’est de lire et relire la Psiché de La Fontaine, et surtout bien regarder Made. Boucher.».

Notre feuille a été exécutée vers 1740-1745 et peut être considérée comme la première étape dessinée de la fameuse Odalisque brune peinte vers 1745 et conservée au musée du Louvre (R.F. 2140, A et W 285). Sa découverte relance les suppositions quant au modèle initial de Boucher. L’hypothèse farfelue de la maîtresse de Louis XV - Louise O’Murphy - peut être écartée puisqu’elle n’était qu’une enfant de 10 ans en 1745. En revanche, selon Bachaumont et Le Bret, Boucher prenait sa femme pour modèle de nus mythologiques. La colombe étant l’animal favori de Venus, nous pouvons désigner du nom de la déesse notre nu charmant. La transformation en Odalisque (tableau du Louvre) se fera par glissement notamment via le dessin de la collection Horvitz.

L’attitude naturelle et la technique presque sobre laissent penser que Boucher a fait poser sa femme dans une intention classique avant de réutiliser la composition dans un tableau dont la volupté deviendra le sujet même de l’œuvre. Notre sanguine avant d’être un témoignage unique de la conception d’une œuvre phare de notre histoire de l’art est une étude de nu dont la candeur et le charme rendent hommage à la beauté légendaire de madame Boucher.