Hommage au Commandant Francis MOSSER (1940-2023)
Marine
Jeudi 12 juin - Marseille - 14h30
Francis MOSSER (1940-2023)
Le 12 juin, à Marseille, soufflera un vent de large : l’étude De Baecque Marseille proposera aux enchères une sélection d’objets issus de la collection personnelle du commandant Francis MOSSER, figure de la marine marchande française.
Plus qu’une simple dispersion, cette vente Marine & Provence est un hommage à un homme qui a consacré sa vie aux océans et à ceux qui les parcourent.
Un commandant, un navire, une légende
Né en Alsace sous l’Occupation, Francis Mosser a choisi très tôt la voie de la mer. Après des études de marine marchande, il intègre la Compagnie Paquet dans les années 1960. Il entame une carrière prestigieuse à bord de l’Oued Ziz, du Couesnon, puis du célèbre navire Mermoz, anciennement Jean Mermoz, dont il deviendra commandant en 1986, jusqu’à sa retraite en 1997.
À bord du Mermoz, transformé en paquebot de croisière sous pavillon français puis sous pavillon des Bahamas, il fera découvrir à des milliers de passagers les confins du monde : la Patagonie, le Spitzberg, les Galápagos, l’Amazone ou encore les Moluques, îles lointaines et mythiques d’Indonésie. Trois fois il franchira le Cap Horn, dans les 2 sens, comme en témoigne selon la tradition des Cap Horniers l’ancre marine qu’il avait tatoué au creux de la main
Une collection à son image
Homme de mer, mais aussi homme de savoir, de passions et de transmission, Francis Mosser laisse derrière lui une collection éclectique, fidèle reflet de sa vie et de ses curiosités. La vente proposera plusieurs centaines de livres spécialisés, parfois rares ou épuisés, des maquettes de navires, des documents techniques et historiques, des revues complètes, gravures, cartes nautiques, mais aussi affiches, photographies, objets décoratifs, demi-coques ou encore un écritoire de marine du XIXe siècle.
Certains ensembles sont consacrés à l’architecture navale, d'autres à l’histoire de la Compagnie Paquet, au modélisme, à la cartographie, à l’ornithologie marine ou encore aux récits d’exploration polaire. Chaque objet raconte une escale, une histoire, c’est un véritable cabinet de curiosités maritime, rassemblé avec rigueur et passion tout au long d'une vie.

Maquette du trois-mâts "L'Astrolabe" (1811-1851)
Maquette en bois, corde et tissu.
H. 61 cm - L. 83 cm - P. 14 cm
Jean Raspail, un clin d’œil fraternel
Parmi les nombreuses figures croisées en mer, Jean Raspail, écrivain, explorateur et autoproclamé Consul Général de Patagonie, avait lié une amitié authentique avec Francis Mosser. Lors d’une croisière mémorable dans les eaux du sud chilien, il le nomma avec humour et affection « Ministre des phares et balises de Patagonie » — une manière littéraire de reconnaître la noblesse tranquille de cet homme de mer, rigoureux, visionnaire et profondément humain.
Raspail évoqua le commandant comme « l’un de ces hommes qu’on aimerait voir veiller sur les routes perdues du monde. Mosser ne commandait pas seulement un navire : il portait une certaine idée de la mer, du voyage, du silence et de la grandeur. »
Dans cette nomination à la fois loufoque et solennelle, c’est toute la noblesse silencieuse de Mosser que Raspail salue : la maîtrise des tempêtes comme des silences, la capacité de voir ce que d’autres ne faisaient qu’apercevoir.
Un regard sur la mer, pour toujours
Jean-Claude Gapin, commissaire à bord du Mermoz aux cotés du commandant Mosser, a tenu à évoquer la mémoire du commandant :
« Francis Mosser rêvait le monde, en mer plus encore qu’à terre. C’était cela, cette lueur permanente de demi-sourire dans ses yeux. Par son commandement, il cultivait la responsabilité et l’action ; dans son existence intime, au cœur de ses silences, il faisait primer la beauté et la contemplation. Marin par essence, il participait à cette troisième nature d’homme, thalassotropique, qu’évoquent les anciens Grecs : les vivants, les morts et ceux qui vont, vivent et vaquent sur la mer.
Dans le grand silence qui l’enveloppe désormais résonne toujours sa voix un peu rauque, sur fond de vagues, et raisonne toujours son regard si spécial sur le monde et son sens. Dans les fjords de Norvège et de Patagonie, sur les eaux turbides de l’Amazone, aux archipels des Seychelles ou aux étoiles du Cap Horn, aux calmes blancs et aux tempêtes, au soleil de la Côte Occidentale d’Afrique ou dans les nuits de la Croix du Sud, tous les équipages et passagers sous sa sauvegarde pouvaient regarder ce qu’il regardait, mais peu d’entre eux voyaient ce qu’il voyait. »
Les mots de Jean-Philippe Salducci, second capitaine à ses cotés pendant trente ans, évoquent avec émotion l’homme derrière le Commandant :
"Francis, le Commandant, n’avait pas un travail, mais une passion.
Sa vie, son boulot, ses pensées étaient tous tournés, bien entendu vers sa famille, mais également sa passion : la mer au sens large.
Large, parce que cette passion s’assouvissait sans frontières : conduite du navire, gestion de l’équipage, accueil des passagers… mais surtout cette manie durant les escales d’aller chiner aux quatre coins du monde des objets, des livres, des cartes se connectant à son amour inconditionné à la mer et aux navires.
Ainsi, sa collection est un témoignage dans le temps et dans l’espace de la mer et des navires. Qu’il s’agisse du baromètre à échelle compensée de Tonnelot trouvé dans un bar à Valparaiso, de la cloche du paquebot Mermoz, de la maquette de baleinière en os de cachalot de la Horta, des cartes de Patagonie ou de l’octant déniché en Inde … tout est insolite, unique et merveilleux !!
Souvent, durant les longues années où nous avons navigué ensemble, il me disait : “Second, demain, ne prévois rien à l’escale, nous partirons dénicher un trésor !!!”. Parfois, nous rentrions bredouille, parfois non. Mais une chose est certaine, dans chaque ruelle des villes portuaires de tous les continents où nous débarquions la réputation de Francis, “collectionneur du monde”, nous ouvrait les portes d’arrière-boutique ou de maison. Durant plus de trente années de navigation, le Commandant avait tissé un tel réseau qu’il était impossible qu’un trésor maritime n’attende pas notre escale ! "
Cette collection est proposée par sa famille, désireuse de transmettre cette mémoire et d’offrir à ces objets la possibilité de poursuivre leur voyage vers d’autres passionnés.
INFORMATION SUR LA VENTE
MARINE ET PROVENCEJeudi 12 juin 2025 - 14h30
Exposition publique :Mardi 10 juin de 10h à 12h et de 14h à 18h
Mercredi 11 juin de 9h à 12h
Renseignements : marseille@debaecque.fr
